St Gilles / “Moderniser n’est pas (…) donner l’aspect du neuf, mais ficher dans le corps des vieux bâtiments un implant régénérateur” Françoise Choay
Implanté directement sur le flanc de l’abbatiale de Saint-Gilles, le site du projet présente un caractère patrimonial exceptionnel et en même temps un cadre historique exigeant. Dans ce contexte, associé à la place, l’abbatiale et le cloître, le musée est une pièce supplémentaire d’un ensemble urbain dense et complexe. Il se doit de compléter avec cohérence la composition et participer à l’harmonisation du nouveau pôle culturel au sein du centre historique.
Le parti de notre projet n’est donc pas une démonstration architecturale mais, au contraire, une intervention sobre installant le musée dans un dialogue intemporel avec l’espace claustral et plus largement avec le site tout entier, dans un enrichissement mutuel. Sa posture et ses proportions mettent en perspective et valorisent la qualité architecturale et l’histoire du lieu. La nouvelle construction se glisse habillement dans l’espace disponible et imbrique avec évidence le musée dans son site. Loin de toute forme de gesticulation ou d’effet de mode, le projet n’en présente pas moins un aspect signifiant.
A l’image des des transformations passées qui ont ajouté, strate après strate, sur le tissu urbain, la nouvelle extension répond à son cadre et célèbre son rôle de nouvelle icône dans la ville. Son architecture est clairement identifiable par le contraste du matériau principal employé. Symboliquement réversible, la nouvelle construction en bois à l’apparente légèreté matérielle se distingue des élévations romanes alentours. Les brises-soleil fixes en bois modèlent la surface du bâtiment. Par cinétisme, il s’y dessine en filigrane des arcs en pleins cintres en référence à la façade principale de l’abbaye ou aux voûtes du Cellier des Moines. Dans le même temps, l’homogénéité de l’enveloppe associée à la simplicité du volume confèrent au projet une présence à la fois massive et délicate. L’extension postule alors un a priori minimaliste par aspiration de continuité avec le contexte patrimonial. La juxtaposition devient articulation et l’intérêt suscité par l’oeuvre contemporaine valorise et renouvelle l’appréciation du monument ancien.
Le concept du pèlerinage, au coeur de l’expérience de Saint-Gilles, a servi de base à notre équipe dans la conception générale du projet.
Scénographie. Architecture et scénographie sont subtilement associées dans le parcours offert au visiteur et proposent une adéquation forte entre l’espace et son contenu. La galerie et l’atrium, par exemple, déambulatoire et circulation verticale, n’en sont pas moins spectaculaires de par leur volume mais surtout par leur capacité à mettre en relation le musée et son site. La visite et les points de vue simultanément offerts sur les murs anciens (jusqu’aux fondations du Cellier), le cloître, l’abbatiale et le paysage replacent en permanence les collections dans leur contexte et mettent en perspective les oeuvres présentées. Pour cela, le parcours de visite se déploie sur trois niveaux paysagers et se décline en univers thématiques.
Chaque espace est organisé de façon à chercher un équilibre constant entre la présentation des collections, leur médiation et la mise en scène. Décloisonnés, ils favorisent la rencontre et le partage des publics. Ces univers engagent tout autant l’immersion que l’exploration individuelle et autonome. Le visiteur glane, au gré de son avancée, des informations de façon ludique ou plus pédagogique.
Tous les sens sont stimulés.
Le jeune public mène des enquêtes pour résoudre des énigmes. Des dispositifs d’écrans tactiles, de réalité augmentée donnent vie aux installations. Des bornes dévoilent des témoignages et des ambiances sonores spatialisées composent un environnement immersif. Une attention est prêtée à chacun des publics avec des niveaux d’interprétations complémentaires pour créer les conditions d’une visite à la fois partagée, autonome et accessible à tous. Notre scénographie donne, par ailleurs, une place importante aux Saint-Gillois, également prescripteurs, à l’image du théâtre d’ombres permettant de recomposer le décor de la forêt de Saint-Gilles et ainsi de s’inscrire dans une longue collection d’oeuvres graphiques sur ce thème. Des dispositifs actualisables font vivre les expositions. Ils encouragent la collecte de témoignages écrits, oraux et d’archives iconographiques. Le musée est ainsi dans la cité et la société.
Technique. Enfin, concernant la réalisation du projet, la solution technique mise en oeuvre doit impérativement prendre en compte les contraintes du site et les conditions de chantier. La conception du projet est intimement liée à la capacité de le construire dans ce contexte particulièrement exigeant. Les systèmes de construction sèche et de préfabrication en atelier s’imposent alors pour la réalisation du volume sur le Cellier. Une structure préfabriquée permet de s’y poser délicatement, éliminant tout recours à un chantier lourd et invasif dans ce site protégé, mais aussi de répondre aux critères de développement durable dans ce contexte patrimonial. Notre projet s’intègre effectivement avec ambition dans une démarche à faible impact environnemental. Il anticipe la RE 2020 favorisant l’utilisation de produits naturels capables de stocker du carbone et recourt donc, dès à présent, à des matériaux biosourcés. Ainsi, dans le cadre d’une approche constructive d’avenir, simple, propre et pérenne, le musée de Saint-Gilles est construit en bois et isolé en paille de riz de Camargue. Pour l’ensemble des matériaux mis en oeuvre, notre projet favorise les circuits courts dans une logique d’économie circulaire et son impact financier se concrétise à l’échelle du territoire.
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